La libre adhesion en question

J'aimerai dans ce chapitre vous questionnez autour de la LIBRE ADHESION.

Ce principe, primordial en prévention, indissociable de la pratique, farouchement (presque religieusement) défendu par les services de prév', ayant bâti leur histoire de la prévention autour de ce principe.
OK.
Mais encore ?
C'est quoi la libre adhésion ? En dehors de dire : "le jeune choisit ou non la relation et/ou (?!?) l'accompagnement qu'on lui propose. Il est libre, rien ne lui est imposé."
OK.
Mais encore ?
L'adhésion, c'est être d'accord. Mais avec quoi ? Une relation ? Un suivi ? Un projet ?
Ensuite : "Le principe de libre-adhésion reconnaît explicitement la nécessité d’être libre pour adhérer véritablement à des propositions"(http://www.addap13.org/article53.html)
Etre libre, c'est décidé, choisir sans contrainte.

La libre adhésion ne serait qu'un choix de départ permettant l'entrée en relation ?
Ou alors engage-t-elle, une fois ce choix pris, un engagement mutuel dans le suivi ?
Cela signifiait qu'une fois ce choix pris, est-il possible de revenir en arrière ?

Après tout, la prévention s'est bâti autour de jeunes qui n'adhéraient plus aux institutions existantes. Elle s'est adaptée, en entrant dans leur milieu, la rue. Ces jeunes marginaux sont justement ceux qui ne s'intègrent pas parce qu'il ne peuvent pas s'investir dans un processus d'intégration.
Alors, dire à un jeune qu'il est libre, et qu'à tout moment il peut partir, ne serait-ce pas une forme de tri ? Alors que ceux qui ont du mal à s'investir au long terme, ceux qui lâchent rapidement un projet, sous couvert de la libre adhésion, on les laisse partir. Mais alors la prévention s'éloigne de son public, ne gardant que ceux qui sont suffisamment structurés pour poursuivre un travail d'accompagnement.

Selon moi, la libre adhésion est plus un outil qu'un principe inaliénable, permettant l'entrée en relation par une réelle participation de la personne dans un projet d'accompagnement. Mais une fois le projet enclenché, la libre adhésion ne doit pas nous obliger à laisser le jeune faire ce qu'il veut. Libre adhésion ne veut pas dire liberté totale. Ce serait jouer le jeu du jeune, qui a l'habitude d'entrer dans un processus d'auto-exclusion, de le laisser partir parce qu'il "ne veut plus", "qu'il arrête". La libre adhésion à un projet, par un choix, une décision d'acceptation, entraîne aussi une forme de responsabilité, d'engagement mutuel, "tu t'engages dans ce que nous avons construit pour toi, et je m'engage aussi à te soutenir dans tes moments de découragement".

C'est pourquoi (et je l'ai vécu comme tel avec un jeune), dans certains cas, il est possible (voire nécessaire) de "forcer" le jeunes à continuer, passant alors outre ce principe de libre adhésion.

Bien sur la libre adhésion indique au jeune qu'il a le choix de demander un soutien, une écoute et d'arrêter à tout moment. C'est une libre adhésion dans le sens ou le jeune n'est pas contraint. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'est pas engagé sans quoi l'accompagnement est vain. La libre adhésion est un principe car elle permet au jeune d'être acteur dans la relation éducative quand ça marche mais aussi quand ça foire. Ce n'est pas un outil pour moi parce que tout éduc de prév revendique cette liberté dans la relation pour le jeune mais aussi pour l'éduc. Parfois les jeunes ont besoin de laisser passer un certain temps de maturation pour revenir réentamer des démarches, la libre adhésion leur permet aussi ce temps. La libre adhesion va de paire avec le principe de non mandat. Les jeunes ne sont contraint en aucun cas mais c'est à l'educ de prév de susciter chez le jeune des demandes pour qu'il se sente lui-même engagé dans son projet. La libre adhésion crée dès le départ une relation différente avec le jeune puisque par rapport à d'autres travailleurs sociaux, le jeune vient nous voir car il le demande. Elle permet de créer pour moi une relation de confiance car certains jeunes marginalisés ont besoin de ne pas se sentir "attachés" dès le début d'une relation. Je ne pense pas que tu puisses forcer un jeune à continuer à venir te voir car on a pas de levier pour faire pression et c'est tant mieux. J pense plutôt que la libre adhésion nous contraint nous éduc de prév à accepter d'accompagner le jeune à son rythme avec des hauts et des bas et non pas au rythme des institutions. En gros la libre adhésion ne veut pas dire liberté totale et oui tu as le droit de les bouger un peu sans contredire ce principe!